Groupe de Soutien
Mpokolo Congo aslb

Qu'est-ce que "Mpokolo wa Muoyo" ?

Le début du centre

Face à l’afflux de réfugiés de la province du Katanga dans la région du Kasaï en 1992, des habitants de Kananga ont commencé à accueillir des enfants qui avaient perdu leur famille dans le chaos. L’intention était de fournir à ces enfants un abri temporaire, de la nourriture, des soins médicaux, des vêtements, etc. et de rechercher des parents pour permettre la réunification de leur famille.


Mais rapidement, une nouvelle perturbation de la société congolaise a provoqué un afflux d’autres personnes marginalisées – en particulier des enfants délaissés – qui n’avaient pas fui le Katanga. Cette situation a conduit à la création d’un centre d’accueil plus structuré. Mpokolo wa Muoyo est un centre de transit qui, dès sa création, a pu compter sur le soutien moral et logistique de la branche locale de la Congrégation de la Mission de Scheut. En 1996, le centre a été reconnu comme association sans but lucratif par le gouvernement congolais.

Enfants négligés

Les années d’expérience concrète du centre montrent qu’il existe de nombreuses formes de négligence dont sont victimes les enfants sans-abri:

  • les orphelins ;
  • les enfants qui fuient leur foyer en raison de la faim, d’allégations de possession, de parents violents, de conflits conjugaux, de tensions avec leur beau-père ou leur mère, d’une absence parentale prolongée
  • les enfants qui sont chassés parce qu’ils souffrent d’un handicap mental, caractériel ou physique ;
  • les enfants soldats ;
  • les enfants dépendants du chanvre ;
  • les enfants violés, les enfants-mères, les enfants prostitués ;
  • les enfants qui ont purgé leur peine dans la prison locale et qui ne sont plus acceptés par leurs parents ;
  • les enfants enlevés et les réfugiés de guerre.

En 2013, le centre a été confronté à un nouveau phénomène : des enfants ont été kidnappés et abusés par des organisations criminelles pour aller voler dans la capitale Kinshasa. En véritable Child Focus, le centre a réussi à récupérer de nombreux enfants.

A partir d’août 2016, de nombreux enfants qui avaient été libérés de prison en concertation avec le Tribunal des enfants de Kananga ont été pris en charge après avoir été détenus sans discernement par l’armée dans le cadre d’une émeute sanglante dans la province du Kasaï central. Ces émeutes ont également provoqué l’arrivée au centre de nombreuses familles en fuite et d’enfants seuls depuis lors.

L’accueil de tous ces enfants issus de milieux différents montre que Mpokolo wa Muoyo ne se limite pas à l’accueil d’enfants issus de groupes cibles bien définis. Sans aucune condition, le centre répond positivement à toutes les nouvelles urgences qui touchent les enfants.

Accueil au centre et retour en famille

Entre 1992 et 2016, le taux d’occupation du centre par jour était de 45 à 85 personnes, dont 80 à 90 % d’enfants. Cela équivaut à environ 500 sans-abri qui trouvent refuge et protection au centre chaque année. En raison de l’insurrection sanglante dans la région du Kasaï, le centre a hébergé plus de 830 personnes en 2017 avec un taux d’occupation quotidien de 100 personnes en moyenne, dont 80 enfants.

L’accueil et les soins à Mpokolo wa Muoyo sont assurés par dix pères et mères de famille de Kananga. Ils s’occupent de la cuisine, des achats, de la lessive, de l’hygiène, de l’entretien du centre, des soins médicaux, de l’administration et de la comptabilité. Beaucoup de temps est consacré à l’écoute attentive des histoires de vie des gens. Il s’agit d’une condition préalable importante pour offrir une solution durable. La tâche principale des deux assistants sociaux est de contacter les membres de la famille pour préparer le retour des hôtes, n’importe où au Congo. Ils disposent chacun d’une moto et d’un téléphone portable pour opérer à terre.

Après un séjour de plusieurs semaines à plusieurs mois au centre et le travail d’orientation nécessaire, nos hôtes sont guidés pour prendre un nouveau départ dans leur vie et construire leur avenir avec leur famille retrouvée. Une solution durable au problème de la négligence et de la marginalisation des enfants est ainsi recherchée dans leur propre famille. En effet, grandir dans une famille offre l’éducation la plus naturelle et la plus équilibrée qui soit, plus durable qu’une vie bien organisée mais artificielle dans un orphelinat, par exemple. Le nom “Mpokolo wa Muoyo”, qui signifie “Source de vie”, tremplin vers une nouvelle vie, est donc un bon choix.

Coopération avec les autres

Le centre Mpokolo wa Muoyo est une place forte dans la région. Malheureusement, son succès le prouve et le fait que le gouvernement, la prison d’État, le tribunal pour enfants, les paroisses, les femmes du marché et les jeunes de la rue plus âgés ne sont que trop heureux d’orienter les enfants vers le centre. En outre, il existe de bons contacts avec toutes les communautés religieuses concernées, y compris les communautés musulmanes, et avec les organisations humanitaires qui se sont récemment installées ou non à Kananga. L’UNICEF entretient de bonnes relations avec Mpokolo wa Muoyo depuis de nombreuses années. La force de maintien de la paix de l’ONU accepte les enfants du centre sur ses vols vers Lubumbashi et Kinshasa où les enfants concernés sont confiés à leurs familles. Les soins médicaux des blessés de guerre qui se retrouvent à Mpokolo wa Muoyo sont pris en charge par l’association belge Médecins sans frontières et le centre fournit des repas aux malades isolés confiés à Médecins sans frontières. La Croix-Rouge internationale apporte également son aide dans certains cas. Toutes ces organisations considèrent le centre comme un partenaire important.

Mpokolo wa Muoyo travaille également en étroite collaboration avec d’autres centres locaux qui se préoccupent du sort des jeunes délaissés, tant à Kananga que dans les villes de Mbujimayi, Lubumbashi et Kinshasa.

Un centre unique

La spécificité du centre Mpokolo wa Muoyo est qu’il accueille les sans-abri – enfants et adultes – qui veulent sortir de la rue, sans distinction, dans le but de les renvoyer dans leur famille. De nombreux centres d’accueil au Congo se limitent à un groupe cible particulier : seulement les petits enfants ou seulement les jeunes en quête de formation, ou seulement les filles ou seulement les garçons, ou les personnes âgées ou handicapées ou les malades du SIDA, etc. Ces centres sont généralement des internats et des centres d’éducation. La particularité de Mpokolo wa Muoyo est qu’il accepte les sans-abri de tout âge, quel que soit leur handicap. Il confie également la responsabilité de l’avenir de la personne – comme l’éducation de l’enfant – à la famille et à la communauté locale. Ainsi, le rétablissement des liens familiaux permet d’éviter que les sans-abri ne dépendent en permanence de la mendicité ou du vol dans la rue, ou d’un refuge pour survivre. En ce sens, le fonctionnement de Mpokolo wa Muoyo est unique au Congo.

Finances

Jusqu’à présent, le centre d’accueil a réussi à s’en sortir financièrement grâce à une gestion économe et à des dons financiers provenant principalement de l’étranger, en particulier de personnes de bonne volonté en Belgique et aux Pays-Bas. Mais depuis quelques années, cela ne suffit plus car le coût estimé du fonctionnement total du centre d’accueil sur la base d’un séjour de 100 personnes par jour s’élève à environ 160.000 € par an.

Il y a également certaines améliorations nécessaires à apporter au fonctionnement du centre, mais elles ne peuvent pas être mises en œuvre pour l’instant car les coûts sont trop élevés.

Il s’agit de:

  • Le recrutement d’un éducateur qui pourrait guider les enfants de manière créative et éducative à travers le sport et les jeux au quotidien.
  • Le recrutement d’une secrétaire pour finaliser le travail administratif de manière informatisée.
  • La formation psychothérapeutique d’infirmières pour soutenir les enfants toxicomanes, présentant de fortes anomalies comportementales, une agressivité permanente, un comportement sexuel très stressé et, depuis l’année dernière, les enfants ayant vécu des expériences de guerre traumatisantes.
  • Un terrain d’environ 18 hectares jouxtant le centre est en vente au prix de 39 000 euros. Son acquisition permettrait de réaliser le rêve de créer son propre jardin potager et d’offrir aux enfants un espace de jeu plus sûr.
  • En outre, le centre envisage d’acheter deux conteneurs qui pourraient servir d’espace de stockage pour les céréales achetées, d’installer un éclairage à base de panneaux solaires, de forer un puits et d’installer une pompe à eau manuelle.

Ces rêves obligent Mpokolo wa Muoyo à chercher une base financière plus solvable et plus large. C’est ainsi que des sympathisants en Belgique ont été sollicités pour mettre en place un groupe de soutien. L’association de fait Mpokolo-Congo en est le résultat, comme en témoignent ses statuts (voir les statuts sur ce site).

Un centre apprécié

Mpokolo wa Muoyo a fait ses preuves depuis 25 ans.
Il peut servir de modèle pour une assistance très proche et durable aux personnes fragiles dans les régions appauvries, partout dans le monde.

  • Le centre a été porté par la communauté locale (bien que le gouvernement soit fautif).
  • Le centre est assisté par de nombreux bénévoles qui aident à rechercher des liens familiaux partout.
  • Le centre est intégré dans un vaste réseau de coopération avec de nombreux centres travaillant sur la sécurité et le bien-être des enfants, et de contacts avec les institutions publiques concernées et les organismes nationaux et internationaux présents.
  • Le centre travaille avec une équipe motivée qui endure une crise après l’autre au Congo, dans le service et la consultation.
  • Le centre travaille avec une philosophie qui consiste à ramener les personnes vulnérables “à la maison” et à leur offrir des chances de vie en faisant appel à leur énorme résilience et à celle de leur famille.

C’est pourquoi le centre est plus qu’un abri. C’est une source de vie nouvelle pour des enfants et des adultes considérés comme “perdus, abandonnés et radiés”, mais qui se rétablissent grâce à des liens familiaux renoués.